Le Truc de février

Tous cousins ?

Chacun de nous a deux parents, quatre grands-parents, huit arrière-grands-parents, … soit 2 puissance x ancêtres de la x ième génération en remontant le temps.

Ainsi, si nos aïeux d'une même génération n'avaient aucun ancêtre commun, nous aurions chacun un millier d'ancêtres (1 024 exactement) de la 10ième génération (vers 1750) ou encore un gros million (1 048 576) de la 20ième (vers 1550).

Il faudrait donc par exemple que, pour chacun d'entre nous, dans l'espoir de notre naissance au XX° siècle, 524 288 femmes et 524 288 hommes vivant au milieu du XVI° (10% de la population française d'alors !) se soient donné le plaisir et la peine de faire naître les 524 288 contemporains de Montaigne dont nous descendons !

N'allons pas plus loin. Les chiffres deviennent très vite vertigineux. On compte en millions de milliards autour de l'an mil (dix millions de fois la population européenne de l'époque, ou trois millions de fois la population mondiale). Et remonter à Cléopâtre ravale immédiatement les ordres de grandeur des fonds de pension occidentaux au monde de l'infiniment petit.

Et alors ?

Alors ? Alors, ça veut dire qu'en moyenne chacun de nos ancêtres de l'an mil l'est entre dix et cent millions de fois ou, si vous préférez, que nous descendons de lui ou d'elle par des dizaines de millions de chemins différents !

Et que donc il y a toutes les chances pour que nous descendions, tous, d'Aristote, Jules César ou, justement, Cléopâtre, d'Attila, Clovis ou Geneviève, d'Averroes, Hugues Capet ou Aliénor, de Michel-Ange, Henri IV ou Marie Stuart et, bien sûr aussi de leurs serviteurs, poètes, soldats, artisans, paysans, précepteurs, ...

Et aussi donc, que la probabilité de ne pas avoir d'ancêtre commun avec n'importe quel quidam croisé dans la rue est quasi nulle.

Dans ce contexte il devient lumineux, même si cela n'a plus depuis longtemps besoin d'être démontré, que si les Velran et les Longeverne mettent une telle opiniâtreté à se faire la guerre, c'est bien parce qu'ils se ressemblent, qu'ils sont cousins ; et certainement pas à cause de leurs "différences".

Cousine ! Cousin ! Nous qui avons la chance de ne plus nous battre, félicitons nous ensemble de ce que nos ancêtres communs aient de tous temps parcouru le monde en tous sens, à pied, à cheval ou à dos de chameau, en carrosse, charrette ou bateau.

Parce que sinon, avec un telle consanguinité, nous ne serions certainement pas aussi beaux et intelligents que nous le sommes aujourd'hui !

Rendez-vous début mars pour le prochain truc du mois !