Le Truc de juin

On ne prête qu'aux riches
dès qu'il s'agit d'assurer son présent et de "réussir son avenir"

On peut décider de quitter son pays parce qu'on y est en danger, quelle qu'en soit l'origine, politique ou matérielle, souvent les deux ensemble, ou tout simplement parce qu'on pense qu'on vivra mieux ailleurs ou que nos enfants y vivront mieux, malgré l'arrachement que l'expatriation représente le plus souvent.

Le choix du pays d'accueil obéit, c'est une évidence, à des logiques historiques et culturelles. Les flux entre les pays des anciens empires coloniaux, ou encore au sein des grandes régions linguistiques ou religieuses sont éloquents.

La richesse et le "potentiel" des pays n'en sont pas oubliés pour autant. La préférence donnée aux pays riches et durablement démocratiques, souvent les mêmes, crève les yeux.

Les données fournies par l'INED sur la part des personnes nées à l'étranger dans la population de différents pays recèlent quelques surprises et, peut-être, enseignements :

- Les personnes nées à l'étranger représentent 90% (vous avez bien lu) de la population des Emirats arabes unis, 72% de celle du Koweit et 64% de celle du Quatar. Maslow dirait qu'il est logique que les plus démunis donnent la préférence à l'odeur du pétrole, plutôt qu'à la démocratie ;

- Les 67% de résidents monégasques nés à l'étranger ont eux certainement privilégié la beauté de la vue qu'on a sur la mer depuis le rocher !

- La disparité entre les "comptoirs" est très forte : 45% pour Macao contre seulement 17% pour Singapour. Faut-il en tirer des conséquences sur la différence de leurs "dérivées économiques" ?

- Les grands pays "vides" restent toujours attractifs: 24% pour l'Australie, 17% pour le Canada et 10% les Etats-Unis ;

- La vieille Europe paraît délaissée. La France, en particulier, se situe vers la tête du peloton avec 7,3%, entre les 2,1% de l'Espagne et les 9,3% de l'Autriche, mais son solde migratoire sur la dernière décennie est le plus bas d'europe (55 000 personnes en moyenne annuelle, quand celui de l'Allemagne est de 359 000).

Savoir lequel des critères : historique, culturel, économique, de potentiel, ... est le plus en cause n'est pas le moins difficile !